Préfiguration d’un futur déjà en marche ?
Dans un monde professionnel bouleversé par la digitalisation, l’intelligence artificielle et la quête d’agilité, la figure du manager de transition émerge comme un acteur central des mutations organisationnelles. MyTopManager a réalisé en 2025, une étude conduite auprès de 121 professionnels du secteur montre que ce métier, longtemps perçu comme un recours d’urgence, devient un levier stratégique de transformation durable.
1. Le manager de transition : un expert devenu ressource structurelle
Selon l’étude, 72 % des répondants ont déjà collaboré avec un manager de transition, preuve de la diffusion du modèle.
Mieux : 78 % estiment que leurs interventions laissent des changements durables, tandis que 63 % les considèrent comme des ressources clés dans les périodes critiques.
Le manager de transition n’est donc plus un pompier de crise ; il devient un architecte du changement, capable de stabiliser, redresser et transformer.
Mais cette montée en puissance s’accompagne d’un défi : sortir du réflexe “crise” pour intégrer ces profils comme partenaires stratégiques à long terme.
2. Nouveaux modèles, nouvelles attentes
Horizontalité et hybridation
Face aux modèles plus horizontaux, 52 % des répondants jugent le rôle du manager de transition toujours pertinent, à condition de s’adapter aux nouvelles dynamiques collaboratives.
Un tiers d’entre eux (36 %) estime même que ces modèles renforcent le besoin d’intervenants externes capables d’orchestrer le changement.
L’entreprise sans salariés — ou plus exactement l’entreprise fondée sur un réseau fluide de compétences indépendantes — s’esquisse ici : le manager de transition devient un pivot dans des organisations sans hiérarchie fixe.
L’impact de l’IA : complément ou menace ?
L’intelligence artificielle ne fait pas peur : 69 % des professionnels estiment qu’elle ne remplacera pas les managers de transition.
Elle est perçue comme un allié, susceptible d’automatiser certaines tâches pour libérer du temps sur la stratégie, la conduite du changement et le leadership humain.
3. Les compétences du futur : hybrides, humaines et responsables
Les qualités les plus citées par les répondants tracent le portrait d’un manager de demain polymorphe :
- Adaptabilité face à la rapidité du changement (87 %)
- Compétences interculturelles (68 %)
- Connaissance des enjeux durables et RSE (58 %)
- Maîtrise de l’IA et du digital (50 %)
- Gestion du bien-être et de la motivation des équipes (47 %)
Cette combinaison d’expertises techniques et humaines illustre la naissance d’un leadership de transition durable, ancré dans la complexité plutôt que dans la verticalité.
4. Télétravail, RSE et durabilité : les nouveaux terrains d’action
L’étude révèle que 58 % des répondants voient dans le télétravail une opportunité pour mieux intégrer des managers de transition, en effaçant les contraintes géographiques.
En parallèle, 66 % estiment que ces professionnels doivent désormais intégrer les enjeux RSE dans leurs missions ; 60 % vont plus loin, affirmant que l’avenir du rôle passe par une approche alignée sur les piliers du développement durable.
Le manager de transition devient ainsi un catalyseur de transformation sociétale, contribuant aux projets de décarbonation, reporting ESG et conformité CSRD.
5. Vers une requalification stratégique du métier
Pour les entreprises
Elles doivent repenser leur usage du management de transition, en cessant de l’envisager comme un simple outil de gestion de crise. Le manager devient un levier d’agilité et d’innovation, au même titre qu’un partenaire stratégique externe.
Pour les managers
La clé réside dans la maîtrise de l’IA, la capacité à fédérer des équipes multiculturelles et la construction d’une expertise durable.
L’intelligence humaine, nourrie par la technologie mais guidée par le sens, devient leur avantage comparatif décisif.
Pour le secteur
Les acteurs du management de transition — plateformes, cabinets, réseaux comme Opteamis — ont un rôle crucial : valoriser le métier, promouvoir des modèles plus flexibles et encourager la professionnalisation via des certifications et formations continues.
5. Vers une requalification stratégique du métier
L’étude ne décrit pas une disparition du salariat, mais une mutation profonde de la structure organisationnelle.
L’entreprise de demain sera sans doute moins hiérarchique, plus fluide, centrée sur des compétences temporaires mais hautement qualifiées.
Le manager de transition y occupera une place essentielle : celle du médiateur entre technologie, culture et stratégie.
La véritable question n’est donc pas : “L’entreprise sans salariés est-elle un mythe ?”, mais plutôt : “Sommes-nous prêts à diriger des entreprises sans inertie ?”